Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/103

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mon possible en vous écoutant, mais plus je m’y essaye et moins je peux me mettre dans la tête que nous devions être mari et femme.

Germain ne répondit pas. Il mit sa tête dans ses deux mains et il fut impossible à la petite Marie de savoir s’il pleurait, s’il boudait ou s’il était endormi. Elle fut un peu inquiète de le voir si morne et de ne pas deviner ce qu’il roulait dans son esprit ; mais elle n’osa pas lui parler davantage, et comme elle était trop étonnée de ce qui venait de se passer pour avoir envie de se rendormir, elle attendit le jour avec impatience, soignant toujours le feu et veillant l’enfant dont Germain paraissait ne plus se souvenir. Cependant, Germain ne dormait point ; il ne réfléchissait pas à son sort et ne faisait ni projets de courage, ni plans de séduction. Il souffrait, il avait une montagne d’ennuis sur le cœur. Il aurait voulu être mort. Tout paraissait devoir tourner mal pour lui, et s’il eût pu pleurer, il ne l’aurait pas fait à demi. Mais il y avait un peu de colère contre lui-même, mêlée à sa peine, et il étouffait sans pouvoir et sans vouloir se plaindre.

Quand le jour fut venu et que les bruits de la campagne l’annoncèrent à Germain, il sortit son visage de ses mains et se leva. Il vit que la petite Marie n’avait pas dormi non plus, mais il ne sut rien lui dire pour marquer sa sollicitude. Il était tout à fait découragé. Il cacha de nouveau le bât de la Grise