Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/146

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pas qu’une fille dans la misère, et à laquelle vous faites beaucoup d’honneur en la recherchant, puisse vous refuser.

— C’est pourtant la vérité, elle me refuse.

— Et quelles raisons vous en donne-t-elle ?

— Que vous lui avez toujours fait du bien, que sa famille doit beaucoup à la vôtre, et qu’elle ne veut point vous déplaire en me détournant d’un mariage riche.

— Si elle dit cela, elle prouve de bons sentiments, et c’est honnête de sa part. Mais en vous disant cela, Germain, elle ne vous guérit point, car elle vous dit sans doute qu’elle vous aime et qu’elle vous épouserait si nous le voulions ?

— Voilà le pire ! elle dit que son cœur n’est point porté vers moi.

— Si elle dit ce qu’elle ne pense pas pour mieux vous éloigner d’elle, c’est une enfant qui mérite que nous l’aimions et que nous passions par-dessus sa jeunesse à cause de sa grande raison.

— Oui, dit Germain, frappé d’une espérance qu’il n’avait pas encore conçue : ça serait bien sage et bien comme il faut de sa part ! mais si elle est si raisonnable, je crains bien que c’est à cause que je lui déplais.

— Germain, dit la mère Maurice, vous allez me promettre de vous tenir tranquille pendant toute la