Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/54

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tout droit aux Ormeaux : tu es fine, toi, tu as toujours montré de l’esprit, et tu fais attention à tout. Si tu vois quelque chose qui te donne à penser, tu m’en avertiras tout doucement.

— Oh ! non, Germain, je ne ferai pas cela ! je craindrais trop de me tromper ; et d’ailleurs, si une parole dite à la légère venait à vous dégoûter de ce mariage, vos parents m’en voudraient, et j’ai bien assez de chagrins comme ça, sans en attirer d’autres sur ma pauvre chère femme de mère.

Comme ils devisaient ainsi, la Grise fit un écart en dressant les oreilles puis revint sur ses pas et se rapprocha du buisson, où quelque chose qu’elle commençait à reconnaître l’avait d’abord effrayée. Germain jeta un regard sur le buisson et vit dans le fossé, sous les branches épaisses et encore fraîches d’un têteau de chêne, quelque chose qu’il prit pour un agneau.

— C’est une bête égarée, dit-il, ou morte, car elle ne bouge pas. Peut-être que quelqu’un la cherche ; il faut voir.

— Ce n’est pas une bête, s’écria la petite Marie, c’est un enfant qui dort ; c’est votre Petit-Pierre.

— Par exemple ! dit Germain en descendant de cheval : voyez ce petit garnement qui dort là, si loin de la maison, et dans un fossé où quelque serpent pourrait bien le trouver !

Il prit dans ses bras l’enfant, qui lui sourit en ou-