Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/78

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— Je l’espère car je n’aimerais pas un sot. Allons, mangez vos perdrix, elles sont cuites à point ; et faute de pain, vous vous contenterez de châtaignes.

— Et où diable as-tu pris aussi des châtaignes ?

— C’est bien étonnant ! tout le long du chemin, j’en ai pris aux branches en passant et j’en ai rempli mes poches.

— Et elles sont cuites aussi ?

— À quoi donc aurais-je eu l’esprit si je ne les avais pas mises dans le feu dès qu’il a été allumé ! Ça se fait toujours, aux champs.

— Ah çà, petite Marie, nous allons souper ensemble ! je veux boire à ta santé et te souhaiter un bon mari… là, comme tu le souhaiterais toi-même. Dis-moi un peu cela !

— J’en serais fort empêchée, Germain, car je n’y ai pas encore songé.

— Comment, pas du tout ? jamais ? dit Germain en commençant à manger avec un appétit de laboureur, mais coupant les meilleurs morceaux pour les offrir à sa compagne, qui refusa obstinément et se contenta de quelques châtaignes. Dis-moi donc, petite Marie, reprit-il, voyant qu’elle ne songeait pas à lui répondre, tu n’as pas encore eu l’idée du mariage ? tu es en âge pourtant !

— Peut-être, dit-elle ; mais je suis trop pauvre. Il faut au moins cent écus pour entrer en ménage, et