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la petite fadette

comptais bien te retrouver à la maison ; mais puisque te voilà, nous rentrerons ensemble. Nous allons descendre la rivière, chacun sur une rive, et nous nous joindrons au gué des Roulettes. (C’était le gué qui se trouvait au droit de la maison à la mère Fadet.)

— Marchons, dit Sylvinet en ramassant son agneau, qui, ne le connaissant pas depuis longtemps, ne le suivait pas volontiers de lui-même ; et ils descendirent la rivière sans trop oser se regarder l’un l’autre, car ils craignaient de se faire voir la peine qu’ils avaient d’être fâchés et le plaisir qu’ils sentaient de se retrouver. De temps en temps, Landry, toujours pour paraître ne pas croire au dépit de son frère, lui disait une parole ou deux, tout en marchant. Il lui demanda d’abord où il avait pris ce petit agneau bureau, et Sylvinet ne pouvait trop le dire, car il ne voulait point avouer qu’il avait été bien loin et qu’il ne savait pas même le nom des endroits où il avait passé. Alors Landry, voyant son embarras, lui dit :

— Tu me conteras cela plus tard, car le vent est grand, et il ne fait pas trop bon à être