Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
la petite fadette

et Landry, qui n’avait point lâché la main de la Fadette, lui dit :

— Mets vite ton coiffage, Fanchon, et dansons, pour que je voie si on viendra te l’ôter.

— Non, dit la petite Fadette en essuyant ses larmes, j’ai assez dansé pour aujourd’hui, et je te tiens quitte du reste.

— Non pas, non pas, il faut danser encore, dit Landry, qui était tout en feu de courage et de fierté. Il ne sera pas dit que tu ne puisses pas danser avec moi sans être insultée.

Il la fit danser encore, et personne ne lui adressa un mot ni un regard de travers. La Madelon et ses soupirants avaient été danser ailleurs. Après cette bourrée, la petite Fadette dit tout bas à Landry :

— À présent, c’est assez, Landry. Je suis contente de toi, et je te rends ta parole. Je retourne à la maison. Danse avec qui tu voudras ce soir.

Et elle s’en alla reprendre son petit frère qui se battait avec les autres enfants, et s’en alla si vite que Landry ne vit pas seulement par où elle se retirait.