Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
la petite fadette

qui suis censé ne plus quasiment te connaître. On ne dirait pas que c’est par amour, mais par honnêteté, et parce que je suis curieux de savoir si, après tant de temps, tu sais encore bien danser.

— Non, Landry, non, répondit une voix que Sylvinet ne reconnut point, parce qu’il y avait longtemps qu’il ne l’avait entendue, la petite Fadette s’étant tenue à l’écart de tout le monde, et de lui particulièrement. — Non, disait-elle, il ne faut pas qu’on fasse attention à moi, ce sera le mieux, et si tu me faisais danser une fois, tu voudrais recommencer tous les dimanches, et il n’en faudrait pas tant pour faire causer. Crois ce que je t’ai toujours dit, Landry, que le jour où l’on saura que tu m’aimes sera le commencement de nos peines. Laisse-moi m’en aller, et quand tu auras passé une partie du jour avec ta famille et ton besson, tu viendras me rejoindre où nous sommes convenus.

— C’est pourtant triste de ne jamais danser ! dit Landry ; tu aimais tant la danse, mignonne, et tu dansais si bien ! Quel plaisir ça me serait de te tenir par la main et de te faire tourner