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la petite fadette

Landry qui eussent les yeux secs ; mais ils avaient le cœur bien gros et on les fit s’embrasser. Le père n’exigea aucune promesse, sachant bien que, dans les cas d’amour, ces promesses-là sont chanceuses, et ne voulant point compromettre son autorité ; mais il fit comprendre à Landry que ce n’était point fini et qu’il y reviendrait. Landry s’en alla courroucé et désolé. Sylvinet eût bien voulu le suivre ; mais il n’osa, à cause qu’il présumait bien qu’il allait faire part de son chagrin à la Fadette, et il se coucha si triste que, de toute la nuit, il ne fit que soupirer et rêver de malheur dans la famille.

Landry s’en alla frapper à la porte de la petite Fadette. La mère Fadet était devenue si sourde qu’une fois endormie rien ne l’éveillait, et depuis quelque temps Landry, se voyant découvert, ne pouvait causer avec Fanchon que le soir dans la chambre où dormaient la vieille et le petit Jeanet ; et là encore, il risquait gros, car la vieille sorcière ne pouvait pas le souffrir et l’eût fait sortir avec des coups de balai bien plutôt qu’avec des compliments. Landry raconta sa peine à la petite Fadette, et