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la petite fadette

les sœurs, avaient pour les bessons une amitié qui tournait un peu en faiblesse. Ils en étaient fiers, à force d’en recevoir des compliments, et aussi parce que c’était, de vrai, deux enfants qui n’étaient ni laids, ni sots, ni méchants. De temps en temps, le père Barbeau s’inquiétait bien un peu de ce que deviendrait cette accoutumance d’être toujours ensemble quand ils seraient en âge d’homme, et se remémorant les paroles de la Sagette, il essayait de les taquiner pour les rendre jaloux l’un de l’autre. S’ils faisaient une petite faute, il tirait les oreilles de Sylvinet par exemple, disant à Landry : Pour cette fois, je te pardonne à toi, parce que tu es ordinairement le plus raisonnable. Mais cela consolait Sylvinet d’avoir chaud aux oreilles, de voir qu’on avait épargné son frère, et Landry pleurait comme si c’était lui qui avait reçu la correction. On tenta aussi de donner, à l’un seulement, quelque chose dont tous deux avaient envie ; mais tout aussitôt, si c’était chose bonne à manger, ils partageaient ; ou si c’était toute autre amusette ou épelette à leur usage, ils le mettaient en commun, ou se le donnaient et redonnaient l’un à l’autre, sans