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la petite fadette

rentrant à la maison, il déclara à son père que son frère et lui se rangeaient au devoir, qu’ils avaient tiré au sort, et que c’était à lui, Landry, d’aller toucher les grands bœufs de la Priche.

Le père Barbeau prit ses deux bessons sur un de ses genoux, quoiqu’ils fussent déjà grands et forts, et il leur parla ainsi :

— Mes enfants, vous voilà en âge de raison, je le connais à votre soumission et j’en suis content. Souvenez-vous que quand les enfants font plaisir à leurs père et mère, ils font plaisir au grand Dieu du ciel qui les en récompense un jour ou l’autre. Je ne veux pas savoir lequel de vous deux s’est soumis le premier. Mais Dieu le sait, et il bénira celui-là pour avoir bien parlé, comme il bénira aussi l’autre pour avoir bien écouté.

Là-dessus il conduisit ses bessons auprès de leur mère pour qu’elle leur fît son compliment ; mais la mère Barbeau eut tant de peine à se retenir de pleurer, qu’elle ne put rien leur dire et se contenta de les embrasser.

Le père Barbeau, qui n’était pas un maladroit, savait bien lequel des deux avait le plus