Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
la petite fadette

train d’être insulté que d’être taquiné, se retourna derechef et allongea à la petite Fadette un coup de poing qu’elle eût bien senti si elle ne l’eût esquivé, car le besson allait sur ses quinze ans, et il n’était pas manchot ; et elle, qui allait sur ses quatorze, et si menue et si petite, qu’on ne lui en eût pas donné douze, et qu’à la voir on eût cru qu’elle allait se casser, pour peu qu’on y touchât.

Mais elle était trop avisée et trop alerte pour attendre les coups, et ce qu’elle perdait en force dans les jeux de mains, elle le gagnait en vitesse et en traîtrise. Elle sauta de côté si à point, que pour bien peu Landry aurait été donner du poing et du nez dans un gros arbre qui se trouvait entre eux.

— Méchant grelet, lui dit alors le pauvre besson tout en colère, il faut que tu n’aies pas de cœur pour venir agacer un quelqu’un qui est dans la peine comme j’y suis. Il y a longtemps que tu veux m’émalicer en m’appelant moitié de garçon. J’ai bien envie aujourd’hui de vous casser en quatre, toi et ton vilain sauteriot, pour voir si, à vous deux, vous ferez le quart de quelque chose de bon.