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la ville noire.

ville peinturlurée (c’est ainsi que, par mépris, le vieillard appelait la ville haute), jouer au billard et consommer des liqueurs, pour revenir le mardi matin, le chapeau sur la nuque du cou, débraillés, vilains, hébétés, et se servant de mots nouveaux qu’ils ne comprennent pas et qu’ils estropient à la grande joie et risée des bourgeois, je trouve mon filleul plus raisonnable, plus convenable, mieux élevé que ces gens-là. Je suis content alors d’avoir réussi à lui donner, sinon toutes mes idées, du moins le goût de réussir dans son état par des moyens qui n’ont rien de ridicule et qui ne l’éloignent pas des intérêts de sa paroisse. »

Gaucher avait chaudement partagé les illusions de son jeune ami. Il avait lui-même l’esprit jeune, et sa confiance dans le succès des autres le rendait aimable et conciliant. Il se consolait, par cette sympathie généreuse et désintéressée, d’une vie pénible et dure pour son propre compte.

— Bah ! disait-il à sa femme quand celle-ci s’efforçait de lui persuader qu’il était plus heureux que Sept-Épées, on est toujours assez heureux quand on