— Et sans vous, Tonine, j’aurais, je crois, diablement perdu la bataille.
— Oh que non ! si vous aviez dû tomber, ce n’est pas ma force qui vous aurait retenu.
— Excusez-moi, c’est votre bon cœur qui m’a donné la force de me retenir.
— Il ne faut pas avoir grand bon cœur pour empêcher un homme de se noyer. D’ailleurs vous vous seriez sauvé de l’eau ; je me souviens du temps où, tout jeune garçon, vous piquiez des têtes par-dessus le Trou-d’Enfer avec mon cousin Louis !
— Vous vous en souvenez, Tonine ? Je croyais que vous aviez tout oublié de moi, et je dois dire que je le méritais bien.
— Allons ! il ne s’agit pas de ça, reprit Tonine ; occupez-vous donc de ce pauvre vieux, qui ne sait peut-être guère répondre au médecin.
— Je vous retrouverai ici, Tonine ?
— Dame ! bien sûr ! il ne fait pas un temps à cueillir des marguerites !
— Laissez-moi au moins allumer ma forge pour vous réchauffer ; ça sera l’affaire d’un instant.