Page:Sand - La Ville noire.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
la ville noire.

mon meilleur ami. J’ai été bien sot et bien coupable envers vous. Je m’en repens, je m’en suis repenti cent fois déjà, et si j’avais osé, j’aurais été vous demander pardon dès le lendemain de ma faute.

— Pourquoi donc voulez-vous parler de ces choses-là ? répondit Tonine ; je vous ai pardonné, si tant est que vous ayez eu des torts envers moi, ce que je ne crois point.

— Oui, j’ai eu de grands torts ! Je vous ai fait la cour, et j’ai eu tout à coup peur de m’engager dans le mariage. J’aurais souhaité être plus vieux de deux ou trois ans et pouvoir vous offrir une existence assurée… Mais à présent, Tonine, puisque vous me pardonnez…

— À présent, quoi ? dit Tonine.

— À présent que me voilà établi dans le ressort de la Ville Noire, quoique je n’aie pas fait encore de bien belles affaires, si vous vous sentiez le même courage que moi…

— Le courage de nous mettre en ménage, n’est-ce pas ? reprit Tonine, qui se vit forcée d’achever la phrase. Eh bien ! non, mon cher camarade, je n’au-