Page:Sand - La Ville noire.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
la ville noire.

vous songez à vous-même, le bonheur ou le malheur des autres ne vous est de rien. De cette manière-là, vous n’aurez jamais d’inquiétude, et on peut dire que vous connaissez votre intérêt !

— Je crois, Sept-Épées, que s’il y a un reproche là-dessous, ce n’est pas de vous qu’il devrait me venir. Vous avez raisonné encore mieux que moi le jour où vous vous êtes dit : « Un homme marié ne s’appartient plus et ne peut pas arriver à changer son sort contre un meilleur. Il vaut mieux rester garçon et chercher son avantage. » Moi, je n’ai rien à chercher, je me contente de rester comme je suis !

— Savoir ! comme disait tantôt ce beau médecin. Vous êtes assez agréable pour trouver sans chercher, et vous attendez peut-être la fortune de plus haut que moi !

— Quant à cela, répondit Tonine en riant, si le bien me vient en dormant, personne n’aura de critique à me faire.

Sept-Épées garda le silence, et continua de marcher sans vouloir montrer tout le dépit et tout le chagrin que lui causait l’indifférence de Tonine.