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la ville noire.

raissait vouloir tourner tout d’un coup au sybaritisme. Il y avait bien là dedans un peu de vengeance contre son ex-hôtesse, avec laquelle il s’était fâché tout rouge pour une chatte voleuse de lard, vieille compagne qu’il aimait beaucoup et que la dame avait fait méchamment disparaître ; mais il y avait aussi de l’influence étonnante de Tonine. Elle l’avait pris par son amour-propre. — Comment se fait-il, lui avait-elle dit un matin en entrant chez lui pour lui donner des nouvelles d’Audebert, qu’un homme propre, un vieillard sain et distingué comme vous, vive dans un pareil taudis ? C’est la négligence des gens dont vous êtes pensionnaire qui vous fait passer pour avare et crasseux. Il ne faudrait qu’un peu de cœur et d’amitié autour de vous pour vous donner l’air qui convient à un maître ouvrier, l’un des plus considérés de la Ville Noire. Si vous étiez chez nous, ce n’est pas la Laurentis qui vous laisserait aller le dimanche à la messe avec des trous aux genoux et une chemise noircie du travail de la semaine.

— Le fait est, ma fille, avait répondu le vieux forgeron, que la femme qui me soigne n’est bonne