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la ville noire.

vière, que monsieur te parle très-sérieusement, que c’est un grand honneur qu’il te fait, et, comme tu connais bien sa position et sa famille, je ne crois pas que tu aies de longues réflexions à faire.

— Je n’en ferai donc point, répondit Tonine, et lui dirai tout de suite que je le remercie et que je l’estime tout à fait pour son idée d’aimer une fille qui n’a que son honnêteté pour tout bien ; mais je ne veux guère me marier, et si je le voulais un peu, ce serait à la condition de ne pas quitter mon endroit, où j’ai de bons vieux amis et où je me regarde quasiment comme la fille à tous les honnêtes gens.

— En cela, tu as raison, reprit la Sauvière ; tu es la fille bénie et chérie des familles, la sœur de toute la jeunesse raisonnable, la mère à tous les pauvres petits enfants. Vous n’avez pas tort de vouloir d’elle, monsieur Anthime ; c’est l’honneur et le bonheur de la Ville Noire que vous nous enlevez ! Mais comme avant tout nous devons penser à ce qui lui est avantageux, ce n’est pas moi qui dirai un mot pour l’empêcher de monter au rang qui lui convient, et