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la ville noire.

bassins que formait la rivière au bas de la Ville Noire, avec la vue des arbres et un petit jardin où elle pourrait cultiver des fleurs en pleine terre. Ses pauvres rosiers, martyrisés dans leurs pots de grès, se trouveraient bien heureux de pouvoir étendre enfin leurs racines. Enfant au milieu de sa grande sagesse, elle avouait à Lise qu’elle avait toujours songé à un camélia panaché de rose et de blanc, comme elle en avait vu dans le jardin de son beau-frère du temps que sa sœur était dame à la grande usine de la Barre-Molino. Puis elle ajoutait : — Ma pauvre sœur ! ça ne lui a pourtant guère profité de sortir de son état ! Elle était contente de se faire belle, et voulait me donner ses goûts et même me faire porter le chapeau. La chose ne m’allait pas du tout, et je ne voulus pas. Est-ce que tu crois, Lise, que mon mari exigera que j’en porte ? Cela me gênerait bien, et j’aurais peur de ressembler à Clarisse Trottin, qui a l’air d’une betterave dans du gazillon. — Là-dessus Tonine riait, bien décidée à ne pas porter de chapeaux, mais contente de se dire qu’elle aurait le droit d’en porter.