Page:Sand - La Ville noire.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
la ville noire.

dirent enfin le calme et la modestie qui lui avaient manqué. Il cessa de mépriser les petits efforts et de se croire appelé à de hautes destinées. Il avait, comme Audebert, quoique dans un autre genre, subi la maladie du siècle. Il en guérit par la raison qu’il était jeune et clairvoyant.

Son amour malheureux lui fut aussi une assez bonne leçon. Une faute est quelquefois le salut d’une âme, quand la faute est réparable et quand l’âme est généreuse. Si ce jeune homme avait eu des torts envers Tonine, il les avait expiés bien plus longtemps qu’ils n’avaient duré, et sa conscience était en droit de ne plus lui faire trop de reproches.

Il avait été fort loin de son pays, à la frontière, jusqu’en Allemagne, se flattant toujours qu’une vie active et sérieuse dissiperait ses ennuis. Il se sentait fort et maître de sa volonté, mais c’était à la condition de ne pas rester en place. Dès qu’il commençait à nouer quelque relation agréable dans une ville, la vue du bonheur domestique lui faisait sentir le vide de son cœur, et il se livrait à quelque projet de mariage. L’occasion ne manquait pas. Dès