Page:Sand - La Ville noire.djvu/234

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— Et nous nous marions, n’est-ce pas, Tonine ? Nous nous marions tout de suite ! Je suis ruiné, et toi, qui n’as point eu de malheurs, tu n’as plus besoin de moi, tu pourrais même trouver mieux ; mais tu es si bonne et si fidèle que c’est justement ma pauvreté qui te décide ! Oh ! cette fois-ci je te jure que si je ne suis pas bientôt ton mari, je deviendrai fou et peut-être méchant !

— Alors dépêchons-nous de nous engager par serment. Tu l’entends ! dit-elle à Lise, qui avait fait un détour avec ses enfants pour les rejoindre, et qui arrivait tout essoufflée : il me jure son honneur et sa foi que nous serons l’un à l’autre, que qui s’en dédira ne sera plus digne de manger du pain ! À présent, courons embrasser ce vieux parrain et ce brave Gaucher, qui ne s’attendent guère à ce que nous allons leur dire. Donne-moi ton dernier garçon, Lise, car tu es lasse. Sept-Épées portera l’autre, pour qu’il ne s’amuse pas en route, et Rosette ira aussi vite que nous.

Là-dessus, les deux amants prirent les deux enfants, échangeant un regard involontaire, car tous