Page:Sand - La Ville noire.djvu/242

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de Tonine belle, riante et passionnée, acceptant, exigeant même un serment qu’elle avait toujours repoussé, prenant Lise à témoin et se hâtant de traverser la ville avec lui, comme pour le compromettre dès la première heure ! Gaucher n’avait-il pas paru stupéfait de ce mariage ? et déjà, sur le sentier de la montagne, Va-sans-Peur n’avait-il pas dit comme le parrain : — Songer à Tonine ! ce n’est pas possible !

Sept-Épées s’habilla sans trop savoir ce qu’il faisait ; puis il tomba sur une chaise, oubliant qu’il était attendu. Ses yeux rencontrèrent sur la fenêtre un objet qui le fit tressaillir : c’était un pot de réséda, un pot bleu et blanc qu’il connaissait bien, et qu’autrefois, chez la Laurentis, il avait trouvé dans sa chambre, le jour où Tonine avait fait son déménagement. Elle savait qu’il aimait l’odeur du réséda : c’est une attention qu’elle avait eue alors et qu’elle venait de renouveler avec sa délicatesse accoutumée.

Sept-Épées sentit des larmes couler sur ses joues brûlantes. Il y avait un mystère autour de lui, un