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la ville noire.

cation que l’on y avait établie était des plus humbles : elle consistait en outils de jardinage et d’agriculture élémentaire ; mais le voisinage de plusieurs fermes et villages situés au revers de la montagne devait assurer un débit régulier, si l’on voulait y courir les foires et marchés. À cette fabrication on pouvait adjoindre à peu de frais la clouterie.

Sept-Épées éprouvait un peu de dégoût pour ces travaux grossiers, lui qui excellait à tremper la lame d’un poignard ou d’une épée et à monter ces nobles armes avec goût et avec science ; mais ne pouvait-on pas appliquer l’habileté et le raisonnement aux productions du dernier ordre, rendre plus légère et plus sûre la serpe ou la faucille aux mains du paysan, perfectionner le plus simple outil et y faire sentir la supériorité de l’ouvrier ?

Il rêva une existence libre et active. Il se voyait déjà propriétaire de deux ou trois forts mulets, promenant sa marchandise dans les hameaux de la plaine, ou, encore mieux, monté sur un bon petit cheval de la montagne et allant dans des villes plus éloignées nouer des relations, s’emparer, grâce à