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la ville noire.

venais de gagner couvrait à peine ce que j’avais perdu. Je commençai à m’endetter sans inquiétude. Puis, l’inquiétude arrivée, je fis des projets étonnants pour sortir d’embarras. Je m’imaginai une fois qu’en exposant mes idées pour le bonheur du peuple, idées que j’avais peu à peu mûries dans ma tête, je trouverais des gens instruits pour me tendre la main et m’aider à réaliser mes plans. Ne sachant pas bien écrire, j’allai consulter un homme très-bon et très-savant de la ville haute, et je lui proposai de lui faire part de mes découvertes, qu’il pourrait ensuite rédiger et faire connaître aux autorités. Cet homme, c’était M. Anthime, dont le fils est médecin depuis peu. Il n’est pas riche, mais il est très-écouté et très-considéré dans le pays, tu dois savoir cela.

« Il m’écouta avec patience et attention ; mais, moi, quand je me vis forcé de rassembler les pensées qui m’agitaient, bien qu’on m’ait toujours dit que j’avais parfois un langage au-dessus de mon état, je ne pus rien trouver de clair et d’utile à dire. Je faisais très-bien le blâme des choses qui existent, et