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mon corps souffre et faiblisse, mais ne prendrez-vous pas pour une lâcheté morale ce qui ne sera qu’une défaillance de la matière ? Dites-moi que vous me pardonnerez si j’ai les nerfs d’une femme, pourvu que, revenue à moi-même, j’aie encore le cœur d’un homme.

— Pauvre enfant, répondit Marcus, j’aime mieux t’entendre avouer ta faiblesse que si tu cherchais à nous éblouir par une folle audace. Nous consentirons, si tu le veux, à te donner un guide, un seul, pour t’assister et te secourir au besoin dans ton pèlerinage. Mon frère, ajouta-t-il en s’adressant au chevalier Liverani, qui s’était tenu pendant tout ce dialogue auprès de la porte, les yeux fixés sur Consuelo, prends la main de ta sœur, et conduis-la par les souterrains au lieu de rendez-vous général.

— Et vous, mon frère, dit Consuelo éperdue, ne voulez-vous pas m’accompagner aussi ?

— Cela m’est impossible. Tu ne peux avoir qu’un guide, et celui que je te désigne est le seul qu’il me soit permis de te donner.

— J’aurai du courage, répondit Consuelo, en s’enveloppant de son manteau ; j’irai seule.

— Tu refuses le bras d’un frère et d’un ami ?

— Je ne refuse ni sa sympathie ni son intérêt ; mais j’irai seule.

— Va donc, noble fille, et ne crains rien. Celle qui est descendue seule dans la citerne des pleurs, à Riesenburg, celle qui a bravé tant de périls pour trouver la grotte cachée de Schreckenstein, saura facilement traverser les entrailles de notre pyramide. Va donc, comme les jeunes héros de l’Antiquité, chercher l’initiation à travers les épreuves des mystères sacrés. Frères, présentez-lui la coupe, cette relique précieuse qu’un descendant de Ziska a apportée parmi nous, et dans laquelle