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qui, prises séparément, conduisent à des abîmes ; l’une au matérialisme, la seconde au mysticisme, la troisième à l’athéisme. Il n’y a qu’une route certaine vers la vérité : c’est celle qui répond à la nature humaine complète, à la nature humaine développée sous tous les aspects. Ne la quitte pas, cette route ; et pour cela, médite sans cesse la doctrine et sa sublime formule.

— Tu m’apprends là des choses que j’avais entrevues. Mais demain je ne t’aurai plus. Qui me guidera dans la connaissance théorique de la vérité, et par là dans la pratique ?

— Il te restera d’autres guides certains. Avant tout, lis la Genèse, et fais effort pour en saisir le sens. Ne la prends pas pour un livre d’histoire, pour un monument de chronologie. Il n’y a rien de si insensé que cette opinion, qui cependant a cours partout, chez les savants comme chez les écoliers, et dans toutes les communions chrétiennes. Lis l’Évangile, en regard de la Genèse, et comprends-le par la Genèse, après l’avoir goûté avec ton cœur. Sort étrange ! l’Évangile est, comme la Genèse, adoré et incompris. Voilà les grandes choses. Mais il y en a encore d’autres. Recueille pieusement ce qui nous est resté de Pythagore. Lis aussi les écrits conservés sous le nom du théosophe divin dont j’ai porté le nom dans le Temple. Ce nom vénéré de Trismégiste, ne croyez pas, mes amis, que j’eusse osé de moi-même le prendre : ce furent les Invisibles qui m’ordonnèrent de le porter. Ces écrits d’Hermès, aujourd’hui dédaignés des pédants, qui les croient sottement une invention de quelque chrétien du second ou du troisième siècle, renferment l’ancienne science égyptienne. Un jour viendra, où, expliqués et mis en lumière, ils paraîtront ce qu’ils sont, des monuments plus précieux que ceux de Platon, car Platon a puisé là sa science, et il faut ajouter