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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/100

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ne pouvait pas être bien triomphante. Un imperceptible sourire voltigea au coin de la lèvre de la signora, lorsque je pliai les genoux pour me rasseoir, et il me sembla lire ces mots charmants écrits sur sa physionomie : Lélio, vous êtes un enfant. Mais, lorsque je me relevai brusquement, prêt à faire rouler le piano au fond de la chambre pour voler à ses pieds, je lus clairement dans sa noire prunelle ces mots terribles : Monsieur, vous êtes un fou.

La signora Aldini, pensai-je, avait vingt-deux ans, j’en avais quinze ou seize, et j’en ai plus de vingt-deux. Que j’aie été dominé par la Bianca, c’est tout simple ; mais que je sois joué par celle-ci, ce n’est pas dans l’ordre. Donc, il faut du sang-froid. Je me rassis avec calme, en disant :

— Pardon, signora, si je regarde l’heure à la pendule ; je ne puis rester longtemps, et ce piano me paraît en assez bon état pour que je retourne à mes affaires.

— En bon état ! répondit-elle avec un mouvement d’humeur bien marqué. Vous l’avez mis en si bon état que je crains de n’en jouer de ma vie. Mais j’en suis bien fâchée ; vous avez entrepris de l’accorder : il faut, seigneur Lélio, que vous en veniez à votre honneur.

— Signora, repris-je, je ne tiens pas plus à accorder ce piano que vous ne tenez à en jouer. Si j’ai obéi à votre commandement en revenant ici, c’est afin de ne pas vous compromettre en cessant brusquement cette feinte. Mais Votre Seigneurie doit comprendre que la plaisanterie ne peut pas durer éternellement ; que le troisième jour cela commence à n’être plus divertissant pour elle, et que le quatrième cela serait un peu dangereux pour moi-même. Je ne suis ni assez riche ni assez illustre pour avoir du temps à perdre. Votre Seigneurie voudra bien permettre que je me retire dans quelques minutes,