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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/135

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voir chez sa mère quand nous retournerons à Naples ; car sa mère est si bonne, et elle aime tant sa fille, que, pour lui faire plaisir, je suis sûre qu’elle vous inviterait à venir chez elle. Peut-être qu’ainsi la folie de mademoiselle s’apaisera peu à peu. Avec des amusements, des distractions, on lui fait souvent changer d’idée. Je lui ai parlé du beau chat angora que j’ai vu dans votre salon et qui vous caressait pendant que vous lisiez sa lettre, si bien que vous lui avez donné un grand coup de pied pour le renvoyer. Ma maîtresse n’aime pas du tout les chiens ; mais, en revanche, elle a l’amour des chats. Il lui a pris une si grande envie d’avoir le vôtre, que vous devriez lui en faire cadeau ; je suis sûre que cela l’occuperait et l’égaierait pendant quelques jours.

— S’il ne faut que mon chat, répondis-je, pour consoler ta maîtresse de mon absence, le mal n’est pas bien grand, et le remède est facile. Sois bien sûre, Lila, que je me conduirai avec ta maîtresse comme un père et un ami. Aie confiance en moi ; mais laisse-moi la rejoindre, car elle m’attend peut-être.

— Oh ! monsieur Lélio, encore un mot. Si vous voulez que mademoiselle vous écoute, n’allez pas lui dire que les gens du peuple valent les gens de qualité. Elle est entichée de sa noblesse… Que cela ne vous donne pas mauvaise opinion d’elle, c’est une maladie de famille ; ils sont tous comme cela dans la maison Grimani. Mais cela n’empêche pas ma jeune maîtresse d’être bonne et charitable. C’est seulement une idée qu’elle a dans la tête, et qui la fait entrer dans de grandes colères quand on la contrarie. Figurez-vous qu’elle a déjà refusé je ne sais combien de beaux jeunes gens bien riches, parce qu’elle dit qu’ils ne sont pas assez bien nés pour elle. Enfin, monsieur Lélio, dites d’abord comme elle à tout propos, et bientôt vous lui persuaderez tout ce que vous voudrez.