Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/160

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que l’on ne pourra plus vaincre. Ne souffrez pas qu’on lui impose un mari qu’elle déteste, et craignez que cette aversion ne la porte à faire un choix précipité, plus funeste encore. Assurez sa liberté. Qu’elle ne soit enchaînée que par la sollicitude de votre amour éclairé, de crainte que, se méfiant de votre énergie protectrice, elle ne cherche dans sa fantaisie un dangereux appui. Au nom du ciel, venez !

Et si vous voulez savoir, madame, de quel droit je vous adresse cet appel, apprenez que j’ai vu votre fille sans savoir son nom, que j’ai failli devenir amoureux d’elle ; que je l’ai suivie, observée, cherchée, et qu’elle n’était pas si bien gardée que je n’eusse pu lui parler et employer (en vain sans doute) tous les artifices par lesquels on séduit une femme ordinaire. Grâce au ciel ! votre fille n’a pas même été exposée à mes téméraires prétentions. J’ai appris à temps qu’elle avait pour mère la personne que je vénère et que je respecte le plus au monde, et dès cet instant les abords de sa demeure sont devenus sacrés pour moi. Si je ne m’éloigne pas à l’instant même, c’est afin d’être prêt à répondre à vos plus sévères interrogatoires, si, vous méfiant de mon honneur, vous m’ordonnez de paraître devant vous et de vous rendre compte de ma conduite.

Agréez, madame, les humbles respects de votre esclave dévoué,

Nello. »

Je cachetai cette lettre, songeant au moyen de la faire parvenir à son adresse avec le plus de célérité possible sans qu’elle tombât en des mains étrangères. Je n’osais la porter moi-même, dans la crainte qu’Alezia irritée ne fît quelque acte de folie ou de désespoir en apprenant mon départ. D’ailleurs il était bien vrai que je voulais pouvoir m’ouvrir complètement à sa mère