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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/169

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de la toilette les personnes de leur sexe. Elle avait jeté sur ses épaules une robe de chambre de cachemire des Indes, objet d’un grand luxe à cette époque ; elle avait roulé ses cheveux dénoués sous un réseau de bandelettes d’or et de pourpre, car l’antique était alors à la mode ; et sur ses jambes nues, qui étaient fortes et belles comme celles d’une statue de Diane, elle avait glissé une sorte de brodequin de peau de tigre, qui dissimulait ingénieusement la vulgaire nécessité des pantoufles. Elle avait chargé ses doigts de diamants et de camées, et tenait son éventail étincelant comme un sceptre de théâtre, tandis que l’inconnue, pour se donner une contenance, tourmentait gauchement le sien, qui était simplement de satin noir. Celle-ci était visiblement consternée de la beauté de Checca, beauté un peu virile, mais incontestable. Avec sa robe turque, sa chaussure mède et sa coiffure grecque, elle devait assez ressembler à ces femmes de satrapes qui se couvraient sans discernement des riches dépouilles des nations étrangères.

Elle salua son hôtesse d’un air de protection un peu impertinent ; puis, s’étendant avec nonchalance sur une ottomane, elle prit l’attitude la plus grecque qu’elle pût imaginer. Tout cet étalage fit son effet : la jeune fille resta interdite et n’osa rompre le silence.

— Eh bien ! madame ou mademoiselle, dit la Checca en dépliant lentement son éventail, car j’ignore absolument à qui j’ai le plaisir de parler… je suis à vos ordres.

Alors l’inconnue, d’une voix claire et un peu âpre, avec un accent anglais très prononcé, répondit en ces termes :

— Pardonnez-moi, madame, d’être venue vous déranger si matin, et recevez mes remerciements pour la bonté que vous avez de m’accueillir. Je me nomme Barbara Tempest, et suis fille d’un lord établi depuis peu à Florence.