Aller au contenu

Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas m’en souvenir ; mais quand vous l’avez prononcé, j’ai bien reconnu celui que mon fils lui donnait ; car c’est mon fils qui l’a rapporté de la montagne.

— Et qui l’a pris dans la gorge aux Hérissons, reprit Fiamma.

— Vraiment ! vous le savez ? s’écria Jeanne. Vous l’avez donc rencontré à la chasse ?

— Et j’ai même chassé avec lui ce jour-là, répondit mademoiselle de Fougères. J’ai encore sur les mains les marques de courage de monsieur, ajouta-t-elle en donnant une petite tape à l’oiseau ; et c’est M. Simon qui nous a servi de chirurgien à tous deux.

— En vérité !… Oh ! à présent, dit madame Féline en secouant la tête avec un sourire, je comprends l’amitié qu’il portait à ce gourmand, et pourquoi il m’a tant recommandé en partant d’en avoir soin. Allons ! maintenant j’en prendrai plus de souci encore ; car, si vous êtes telle que vous semblez être, je vous aime, vous !

— Vous ne pouvez pas me dire une chose plus agréable, répondit Fiamma en portant vivement à ses lèvres la main ridée que lui tendait Jeanne. » Puis, comme si ce mouvement impétueux eût trahi quelque secrète pensée de son cœur, elle rougit et garda le silence. Féline ne pouvait interpréter cette émotion : elle se mit tout de suite à lui parler du curé et de la doyenne, de la république et de la monarchie, de la religion, de tout ce qui l’intéressait, et par-dessus tout de son fils. Mademoiselle de Fougères fut étonnée du sens profond et même de la grâce spirituelle et naïve de cet esprit supérieur, vierge de toute corruption sociale. Elle n’avait pas cru qu’il fût possible de joindre si peu de culture à tant de fonds. Ce fut pour elle un sujet d’admiration et bientôt d’enthousiasme ; car autant Fiamma était indomptable dans ses antipathies, autant elle était passionnée dans ses