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de mon âme et n’ébranle pas l’aversion que j’ai pour le mariage. »

Ils rentrèrent fort bons amis. Le marquis témoigna beaucoup de reconnaissance de la marque de confiance qu’il venait de recevoir ; mais, dès qu’il fut entré, il commanda à son valet de chambre de recharger sa voiture et de demander des chevaux de poste. Il exprima au comte, dans des termes laconiques, sa douleur d’avoir été repoussé, et son impatience ne se calma qu’en voyant les chevaux entrer dans la cour. Alors un reste d’amour fit passer un vif attendrissement dans son âme. L’air de regret sincère avec lequel Fiamma, après avoir écouté le mensonge accoutumé d’une lettre imprévue et d’une affaire importante, lui serra cordialement la main, amena sur ses lèvres quelques paroles entrecoupées et dans ses yeux quelques larmes passionnées. Il sentit que cet épisode laisserait un souvenir tendre dans sa vie. On peut croire cependant qu’il n’en mourut pas de douleur, et qu’il reparut trois jours après, en parfaite santé, au balcon de l’Opéra-Italien.



XI.


Le plus grand désir du comte de Fougères, depuis qu’il avait sa fille auprès de lui, c’était de s’en débarrasser. Il semblait que la destinée capricieuse, jalouse d’opérer dans cette famille le contraste le plus complet, eût imposé à la fille la haine du mariage en raison inverse de l’impatience que le père éprouvait de la voir établie. Outre les raisons mystérieuses que M. Parquet cherchait à déduire de cette manie réciproque, il en existait de bien palpables, et qui, prenant leur source dans le caractère de l’un et de l’autre, suffisaient presque pour l’expliquer. M. de Fougères était de la véritable race des avares.