Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

line le repos de la tombe ou la vie des passions. Il se rendit aux conseils de M. Parquet, et s’occupa exclusivement de son état. Sa renommée grandit, et son crédit devint tel en peu de temps qu’il put compter à coup sûr sur une fortune considérable pour l’avenir et sur une haute carrière politique.

Au milieu des fatigues et des ennuis de cette existence laborieuse, la crainte de perdre bientôt sa mère et d’être livré seul et sans affection exclusive au caprice de la destinée se fit vivement sentir. Jeanne faiblissait, non de caractère, mais de santé. Elle avait quelquefois des absences de mémoire, et semblait vivre dans une sorte de somnambulisme. Quand elle retrouvait la plénitude de ses facultés, c’était avec une intensité qui ressemblait à la fièvre, et faisait craindre la fin prochaine d’une vie qui avait perdu la régularité de son cours.

Simon Féline avait de si grandes obligations à l’excellent M. Parquet, qu’il était avide de trouver un moyen de s’acquitter. Ces raisons, réunies à un peu de dépit contre celle qui s’était emparée si longtemps de lui exclusivement pour l’abandonner tout d’un coup sans motif, lui firent songer à rechercher Bonne Parquet en mariage. Il en parla à son père.

« Doucement, doucement ! répondit l’avoué. Ce serait le vœu le plus cher de mon cœur, et tu te souviens que ce l’était avant que nous eussions pensé à faire de toi un grand personnage ; je n’y ai renoncé qu’en le voyant amoureux de notre pauvre dogaresse, que voici, hélas ! bien loin de nous, et peut-être pour toujours. Maintenant, si tu veux épouser Bonne, et que Bonne veuille t’épouser, c’est bien. Mais prenons garde…

— Craignez-vous que je ne sois pas bien guéri de mon amour insensé ? dit Simon, il y a plus de quatre ans que je ne me flatte plus, c’est une assez longue épreuve.