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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/369

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patron, envers le trop honoré patron de l’illustre disciple ; M. le comte de Fougères y a cependant manqué, et certes, ici ce n’est ni l’exacte connaissance des formes du monde, ni le sentiment exquis des convenances sociales, qui ont manqué à l’accusé… je veux dire à M. le comte de Fougères ; ce n’est pas non plus la malice, le déchaînement, la haine, la jalousie, le mépris ; ce n’est aucune de ces passions violentes qui ont induit M. de Fougères à faire un aussi sanglant affront à Me Simon Parquet et à mon client… je veux dire à Me Simon Féline. Non, messieurs, M. de Fougères est un homme recommandable à tous égards, exempt de passions mauvaises, incapable de méchants procédés…

— Allons, mon bon monsieur Parquet, dit le comte d’un ton caressant, espérant faire abandonner à son terrible antagoniste ce plaidoyer impitoyable, dans lequel il se trouvait, par une étrange inadvertance de l’orateur, jouer à la fois le rôle du tribunal et celui de l’accusé. Au fait ! mon cher ami, que me reprochez-vous donc ? Quelles méfiances me prêtez-vous ? Pourquoi n’avez-vous pas compris que le hasard, l’éloignement, des considérations particulières envers un avocat respectable, ancien ami de la famille de ma femme, le désir de ma femme elle-même, tout cela réuni, et rien autre chose que cela pourtant, m’a inspiré la malheureuse idée de charger M*** de plaider pour moi ?

— Ah ! malheureuse est l’idée, certainement ! s’écria M. Parquet en se barbouillant la face de tabac. Trois fois malheureuse est l’idée qui vous a conduit à cette démarche ! C’est une impasse, monsieur le comte, il faut y rester et attendre que la muraille tombe ! M*** plaidant contre Simon Féline, voyez-vous, c’est la tentative la plus étrange, la plus folle, la plus déplorable, la plus désespérée que la démence ou la fatalité puisse inspirer. Où