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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/371

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— Il faut donc vous le dire ?

— Je vous le demande en grâce, à mains jointes.

— Eh bien ! je le dirai. Il y a de la politique en dessous de ces cartes-là, monsieur le comte. »

Parquet vit aussitôt qu’il approchait du joint ; car, malgré toute son adresse, le comte se troubla.

« Il y a de la politique, reprit Parquet avec fermeté et abandonnant toute son emphase ironique. Vos adversaires sont des plébéiens, des ennemis particuliers et assez en vue de la puissance ministérielle. Qui a droit ? Nul ne le sait encore, ni vous, ni moi, ni vos adversaires. À chance égale, Simon aurait eu beaucoup de sympathie pour la cause des plébéiens, fort peu pour la vôtre ; Simon n’aime pas les patriciens, et son opinion républicaine vous a fait peur. Simon n’eût peut-être pas entrepris votre cause ; c’est possible, je l’ignore. Ce qu’il y a de certain, ce dont je réponds sur ma tête, c’est qu’au cas où il l’eût acceptée il l’eût défendue avec loyauté, avec force, et, j’ose le dire, il l’eût gagnée. Mais vous avez craint un refus, ce qui est une faiblesse d’amour-propre ; ou bien vous avez craint quelque chose de pire, une trahison… Dites, l’avez-vous craint, oui ou non ?

— Jamais, monsieur Parquet, jamais, je vous en donne…

— Ne jurez pas, monsieur le comte ; vous l’avez dit à quelqu’un, et voici vos paroles : « Ces gens-là s’entendent tous entre eux ; comment voulez-vous qu’on se fonde sur le sérieux d’un débat judiciaire entre des gens qui vont le soir fraterniser au cabaret, ou, ce qu’il y a de pire, se prêtent mutuellement des serments épouvantables dans un club carbonaro ? »

— Je n’ai jamais dit cela, monsieur Parquet, s’écria le comte au désespoir. Je suis le plus malheureux des hommes ; on m’a indignement calomnié. »