Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/387

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s’engager dans les mêmes liens avec le jeune médecin qui l’aimait, et qu’elle ne haïssait pas, c’était son expression. Le comte de Fougères assista au mariage avec une exquise aménité. Jamais on ne l’avait vu si empressé de plaire à tout le monde. Heureusement pour lui, cette noce se passait en famille, au village, et sans éclat, dans la maison Parquet. Aucun de ses pairs, et sa nouvelle épouse elle-même, qui fut très à propos malade ce jour-là, ne put être témoin des détails de cette fête, qui consomma sa mésalliance. La bonne mère Féline se trouva assez bien rétablie pour en recevoir tous les honneurs. Tout se passa avec calme, avec douceur, avec simplicité, avec cette dignité si rare dans la célébration de l’hyménée. Aucun propos obscène ne ternit la blancheur du front des deux charmantes épousées. Le seul maître Parquet ne put s’empêcher de glisser quelques madrigaux semi-anacréontiques, qu’on lui pardonna, vu qu’il avait bu un peu plus que de raison. Cependant ni lui ni aucun des convives ne dépassa les bornes d’un aimable abandon et d’une douce philosophie. Le curé prit part au repas, après avoir promis à Jeanne de ne plus s’aviser d’encenser personne. Le seul événement fâcheux qui résulta de ces modestes réjouissances, ce fut la mort d’Italia, que l’on trouva le lendemain matin étendu sur les débris du festin et victime de son intempérance.

En vertu d’un arrangement que conseilla et que décida M. Parquet, M. de Fougères renonça aux principaux avantages du testament fait en faveur de sa femme, afin de ne pas perdre le tout, et l’honneur de sa famille par-dessus le marché.

Cet échec, que ne compensait pas en entier la renonciation de Féline à toute dot ou héritage, l’affligea bien, et il quitta précipitamment le pays, heureux du moins de