Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La jeune Grimani eut un méchant sourire sur les lèvres en répondant :

— C’est comme il vous plaira, mon cousin.

Veut-elle se divertir de moi ou de lui ? pensai-je. Peut-être de tous les deux. Je m’inclinai légèrement en signe d’assentiment. Alors le cousin, avec une politesse nonchalante, me montra une porte de glace au bout de l’avenue, qui, s’abaissant en berceau, cachait la façade de la villa.

— Voyez, monsieur, me dit-il, au fond du grand salon de compagnie, vous trouverez un salon d’étude. Le forte-piano est là. J’aurai l’honneur de vous revoir quand vous aurez fini.

Et, s’adressant à sa cousine :

— Voulez-vous, lui dit-il, que nous allions jusqu’à la pièce d’eau ?

Je la vis encore sourire imperceptiblement, mais avec une joie concentrée de la mortification que j’éprouvais, tandis qu’elle me laissait aller d’un côté et continuait sa promenade en sens opposé, appuyée sur son gracieux et honorable cousin.

Ce n’est pas une chose bien difficile que d’accorder à peu près un piano, et, quoique je ne l’eusse jamais essayé, je m’en tirai assez bien ; seulement j’y mis beaucoup plus de temps qu’il n’en eût fallu à une main expérimentée, et je voyais avec un peu d’impatience le soleil s’abaisser vers la cime des arbres ; car je n’avais d’autre prétexte, pour revoir ma singulière héroïne, que de lui faire essayer le piano lorsqu’il serait d’accord. Je me hâtais donc assez maladroitement, lorsqu’au milieu du monotone carillon dont je m’étourdissais, je levai la tête et vis la signora devant moi, à demi tournée vers la cheminée, mais m’observant dans la glace avec une malicieuse attention. Rencontrer son oblique regard et l’éviter fut l’affaire d’une seconde. Je continuai ma besogne avec le plus grand