Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/103

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vous vous moquez de moi, ou vous mêlez à quelques notions scientifiques très incomplètes les chimères puériles d’un cerveau malade.

Nasias n’éclata point comme je m’y attendais. Sa conviction était si entière, qu’il se contenta, cette fois, de rire de mon incrédulité.

― Il faut en finir, dit-il, il faut que je constate un fait. Ou tu vois dans le cristal, ou tu n’y vois pas ; ou ton sens idéal subsiste en dépit des sottises de ton éducation matérialiste, ou ces sottises l’ont éteint en toi par ta faute. Dans ce dernier cas je t’abandonne à ta misérable destinée. Apprête-toi donc à subir une épreuve décisive.

― Mon oncle, répondis-je avec fermeté, il n’est pas besoin d’épreuve. Je ne vois pas, je n’ai jamais vu dans le cristal. J’ai rêvé que j’y voyais la représentation de mes fantaisies. C’est une maladie que j’ai eue, et que je n’ai plus, je le sens, du moment que vous voulez me démontrer l’évidence de ces vains fantômes. Je vous remercie de la leçon que vous avez bien voulu me donner, et je vous jure qu’elle me profitera. Permettez- moi d’aller tra-