Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/116

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J’allais demander à mon oncle à quelle étape du voyage il avait fait cette convention, lorsque je vis une multitude de points rouges s’agiter sur la glace autour des flancs emprisonnés du navire, et je pus distinguer, à la lueur étouffée de ces flambeaux de résine, les étranges compagnons qui nous arrivaient. C’était une bande de hideux Esquimaux accompagnés d’une bande de chiens maigres, affamés, hérissés et plus semblables à des bêtes féroces qu’à des animaux domestiques, attelés par trois, par cinq ou par sept, à une longue file de traîneaux plus ou moins grands, et dont quelques-uns portaient de légères pirogues. Quand ils furent à portée de la voix, mon oncle, s’adressant au chef de la bande, lui dit d’une voix forte :

― Faites taire vos bêtes, éteignez vos flambeaux et rangez-vous ici. Que je vous compte et que je vous voie !

― Nous sommes prêts à t’obéir, grand chef angekok, répondit l’Esquimau, saluant ainsi mon oncle du titre consacré dans son langage aux magiciens et aux prophètes ; mais, si nous étei-