Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/146

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l’effet d’un climat nouveau pour eux et stable dans cette région ; qu’en cas de dégel subit, nous étions en situation d’attendre des semaines et des mois le moment favorable : ils se mutinèrent. La nostalgie s’était emparée d’eux, ils regrettaient leurs climats désolés, leurs tanières sous la neige, leur poisson rance et salé, peut-être aussi leurs parents et leurs amis. Bref, ils voulaient partir, et ils ne rentrèrent dans l’obéissance que devant la menace de Nasias, qui leur présenta son diamant en leur disant qu’il les ferait tous dessécher et cuire, s’ils renouvelaient leurs murmures. Nous n’avions que deux pirogues. Il nous fut très-difficile d’obtenir qu’on en construisit d’autres avec les bois flottés et les écorces du rivage. Ces arbres enchantés effrayaient leur imagination. Et puis ils disaient que cette mer navigable et riche en poisson sur les côtes devait, à une certaine distance, contenir des monstres inconnus et des tourbillons perfides.

Le véritable sujet d’épouvante était au fond la crainte d’être emmenés par nous dans le monde des Européens, qu’ils supposaient situé dans le