Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/150

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si réelle, que nous dûmes nous débarrasser de nos fourrures.

Mais comment l’aborder, cette terre promise ? Quand nous fûmes à bonne portée de vue, nous reconnûmes qu’elle était entourée d’une falaise verticale de deux ou trois mille mètres de haut, plongeant droit dans le flot, lisse comme un rempart, noire et brillante comme du jais, et n’offrant nulle part le moindre interstice par lequel il y eût espoir de pénétrer. De près, ce fut bien pis. Ce qui nous avait paru brillant dans ces noires parois l’était en effet, car cette ceinture compacte était formée de tourmaline en gros cristaux, dont quelques-uns atteignaient le volume de nos plus grosses tours ; mais, au lieu de présenter quelque part des assises horizontales où l’on eût pu espérer de trouver une dépression disposée en gradins naturels, ces bizarres rochers étaient plantés comme des soies de porc-épic, et leurs pointes tournées vers la mer semblaient les gueules de canons d’une forteresse de géants.

Ces roches brillantes, les unes noires et opa-