Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la grosseur d’un buffle, et il en avait, d’ailleurs, les cornes plates et le pelage foncé. Bien que ce monstre me causât un effroi réel, je ne pus me défendre de l’admirer, car c’était à tout prendre un bel animal. Ses élytres et sa cuirasse impénétrable étaient revêtues d’une fourrure épaisse vert olive à reflets dorés, et sur son dos s’élevait majestueusement cette armature en forme de fourche et en matière cornée qui est l’attribut du mâle. Il ne parut pas seulement remarquer notre présence, et se mit à brouter autour de nous ainsi qu’eût pu le faire un animal familier ; puis il souleva ses puissantes élytres, développa les plis de ses larges ailes de gaze irisée, et, sans s’élever de plus de deux ou trois mètres, alla s’abattre à quelques centaines de pas plus loin.

― Cet animal, me dit Nasias, que rien n’étonnait, doit vivre de feuillage, car il a brouté sans plaisir les plantes basses qui croissent ici, et il les a dédaignées. J’aurais cru que, parti des régions arborescentes que nous venons de franchir nous-mêmes, il allait y remonter, tandis qu’il descend