Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/173

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loin de m’attendre de la part d’un homme aussi réservé.

― Voyons, dit-il, nous avons tort tous deux cette fois ; voilà pourquoi je te pardonne. J’ai eu un moment de défaillance, et j’en suis puni par un accès de colère qui risque de diminuer mes forces intellectuelles et physiques. L’homme ne vaut que par la foi. Reprends la tienne ou tu es perdu.

Et il me donna le diamant à regarder. Aussitôt l’image du cône nimbé de flammes purpurines s’y peignit comme si j’y touchais, et, dans ce lac irisé qui entourait la base du pic, je reconnus un sol indéfinissable, mais parfaitement solide, sur lequel Laura marchait avec assurance en m’invitant à la suivre. Cette vision produisit sur moi son effet accoutumé : elle me transporta dans la délicieuse région de l’impossible, ou plutôt elle dissipa comme un nuage trompeur ce mot impossible écrit au seuil de toutes les découvertes.

― Partons ! dis-je à mon oncle. Pourquoi nous arrêter ? Est-ce que la nuit règne dans ces régions