Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/179

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traînée de détritus et bientôt une petite zone de terres végétales où rampaient les racines d’une espèce d’astragale rose. Ces racines nous furent un bienfait inespéré de la Providence. Après en avoir mangé, remarquant combien elles étaient longues et tenaces, j’en cherchai et j’en trouvai qui avaient plusieurs mètres de développement. J’en fis une ample récolte, et mon oncle, enchanté de mon idée, m’aida à en faire une corde à nœuds de vingt-cinq brasses. Quand nous en fîmes l’essai au moyen d’un bloc de lave attaché au bout, nous vîmes qu’elle était assez solide, mais trop courte de moitié pour atteindre un des premiers ressauts de la cascade de verre. Il nous fallut passer la nuit où nous étions, afin de consacrer au prolongement de notre échelle toute la journée du lendemain. Mon oncle parut se résigner, et je me préparai un lit d’asbeste dans un creux de roche d’une coupe fort commode. Nasias me traita de sybarite.

― Je le suis, répondis-je, parce que je songe que nous touchons à notre plus grand péril. Je ne suis pas trop mauvais marcheur à jeun, comme vous