Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/245

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ou pour faire accepter les siennes propres, aurait subi la réprobation générale plutôt que d’accuser Thérèse ?

— Oui, je le crois. Deux motifs puissants pouvaient le condamner au silence. D’abord le besoin extrême que, vieux, infirme, pauvre et abandonné, il avait des soins et de la compagnie de cette femme enfin rivée à son existence après tant de petites lâchetés commises pour le délaisser ou le dominer entièrement…

— Permettez -moi de vous interrompre pour vous dire que ce motif du silence de Jean-Jacques serait une plus grande lâcheté que toutes celles de Thérèse. Les motifs qu’il donne à son crime sont infâmes dans la bouche d’un homme qui proclame l’amour et le culte de la vertu. Quoi ! les mauvais conseils et les mauvais propos d’une table d’hôte ? l’impunité du libertinage ? l’exemple des méchants esprits qu’il avait le tort de fréquenter ? Pouvez-vous accepter de pareilles excuses ? Et tous ces raisonnements tirés de l’égoïsme ou de la couardise morale, de la crainte de manquer de pain pour nour-