Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/304

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vin, plus du tout sur les rives abruptes. Tout un côté ressemble à une forêt vierge, et l’autre à un chaos.

Mais, si l’ensemble est sévère, on retrouve bientôt le charme dans le détail. La nature est une reine aimable qui festoie toujours ses amis. Le côté forêt a des délices dans son âpreté, et nous ne l’avions jamais assez exploré. Comme il est le plus beau et qu’il nous plaisait de le regarder dans son ensemble, nous suivions plus souvent le sentier de l’autre rive, plus facile d’ailleurs, puisque c’est une espèce de chemin. Celui-ci est le vrai sentier de montagne, et cette montagne, qui, vue du plateau, n’est qu’une crevasse, reprend son petit air alpestre quand on essaye de la remonter. Il y a là, dans les brisures de la falaise, des retraites que l’on voudrait trouver accessibles, et que l’on regretterait pourtant de voir profaner, des masses admirablement composées, des lierres merveilleux, des arbres d’une altitude sereine, des fouillis impénétrables, des gazons qui se cachent dans les fentes, des ruisselets babillards qui jaillissent on ne sait