Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/320

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chaleur, à voir ainsi la Creuse sous ses pieds. Cette promenade fantasque a été gaie pourtant, comme tout ce qui est gageure, et l’on s’est donné des airs de pionniers américains. On a vainement espéré la rencontre de quelque monstre tapi sous les buis de la colline. Nous n’avons pas même aperçu une vipère, et Dieu sait pourtant si le pays s’en prive !

Shakspeare était resté en bas avec mon manteau, sur le sentier. Ici, l’on ne vole pas ; mais je voulais revenir par le bois Renaud, et, comme je demandais pardon à Moreau de lui faire descendre et remonter ce précipice pour aller chercher mon bagage, il m’a dit avec une fierté candide :

— Bah ! ce n’est rien, à présent que nous avons une route !

Ce soir, tumulte devant ma porte : tous les enfants du village veulent me faire voir comme ils ont grandi, et ceux qui ne parlaient pas encore l’année dernière sont orgueilleux de savoir dire bonjour à présent.

En un an, changement sur toute la ligne. Les