Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/341

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elle-même, c’est-à-dire le rapport entre l’effet et la cause. Prenons une lyre et supposons qu’elle puisse être la cause des sons qu’elle produit. Prenons aussi les sons produits pour l’effet de cette cause. Il n’en est pas moins vrai que, sans la main de l’artiste qui fait vibrer les cordes, la lyre est muette, et la cause qui ne peut produire aucun effet n’est plus une cause. Les sons ne peuvent jamais être qu’un effet, ou, pour mieux parler, une conséquence de l’ébranlement des cordes. Ils ne peuvent donc se passer de l’impulsion de l’instrument, mais l’instrument seul ne les produit pas. Dis-moi dès lors laquelle, de ta main ou de ta lyre, est la véritable cause ?

— Où veux-tu en venir avec ce pédantisme de lieux communs ?

— À ceci, qu’un instrument peut parler jusqu’à un certain point sous la main de l’homme, vu que la musique peut exprimer des sentiments, évoquer des images, être enfin l’expression d’un certain ordre de pensées, bien qu’elle ait besoin des paroles pour être un langage véritablement défini ;