Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/344

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tière inanimée, et il n’y a plus moyen de causer avec un fou.

— Patience donc ! Les plantes ne sont-elles pas aussi des êtres ? Les crois-tu dépourvues de sensibilité et de volonté ?

— Non. Elles ont aussi leurs manifestations, tout à fait mystérieuses pour nous ; mais elle les ont parce qu’elles doivent les avoir, et elles doivent les avoir parce qu’elles sont, sur un échelon particulier, des êtres organisés. Si tu me disais : « Je vais écouter le ramage des fleurs, » je te répondrais que je te sais capable de tout ; mais je ne verrais là que l’exagération poétique d’une déduction assez fondée, tandis que, devant ta prétention de surprendre le langage d’un ruisseau, je te salue comme le plus grand fou que la manie littéraire ait jamais produit.

— Il ne s’agit pas ici de littérature

— Si fait ! C’est la fantaisie descriptive qui vous jette dans ces aberrations. Vous confondez tout dans vos vagues peintures, et vous prétendez nous faire croire que vous surprenez dans la nature