Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/346

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templatives qui pourraient être consacrées à ton instruction ? La réalité, dans ce qu’elle met à la portée de tes recherches et de tes hypothèses, n’est-elle pas assez grande ? N’est-elle pas précisément d’une étendue et d’une profondeur qui t’écrasent, et ne vois-tu pas que ta courte vie s’écoulera comme ce ruisseau que l’été va tarir, sans que tu aies seulement franchi le parvis du sanctuaire des sciences naturelles ? Que cherches-tu dans les longues rêveries où tu t’absorbes, inerte comme une pierre sous le froid regard de la lune, passif comme l’arbre que la brise caresse ou que l’orage tourmente ? Que crois-tu pouvoir entendre dans ces confuses sonorités, dans ces intraduisibles harmonies dont tu ferais mieux de démêler les causes positives et de déterminer les effets avec précision, comme fait Lothario ?

Une petite voix se prit à rire dans les buissons, et j’entendis la nymphe qui se moquait de moi.

— Cherche, va ! disait-elle, cherche ce qui se dit dans l’eau, dans le vent, dans le sable ou dans la nuée ! Ton ami l’a trouvé, lui ; il ne se dit rien du