Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais je ne pouvais m’en aller, et je me plaignis de l’ironie et de la cruauté de la magicienne.

— Allons, dit-elle, j’ai pitié de toi ; je te rendrai ta liberté quand tu auras compris ce que dit le ruisseau. Tu l'as voulu, tu t’es obstiné. Tu as prétendu qu’avec un peu d’intelligence et beaucoup de patience, on en viendrait à bout : essaye ! Dès que la vraie parole se formulera dans ton esprit, tu n’auras pas besoin de m’en faire part. La vérité te délivrera toute seule et sans mon aide, puisqu’elle sera en toi.

— Par pitié, m’écriai-je, ne mets pas à ma liberté cette condition que j’aime mieux reconnaître impossible ! Je resterais là cent ans, que je ne trouverais peut-être que des chimères !

— Alors, renonce à la poésie et jure que tu ne chercheras plus rien en dehors de la science. Jure de ne plus écouter que le langage des êtres qui savent formuler leurs besoins, leurs sentiments ou leurs idées. Allons, jure !

— J’aime mieux chercher, répondis-je en me grattant l’oreille.